unbrindemaman © EM – #RDVdesmots
Le #RDVdesmots, c’est une semaine, une citation, une production libre.
Vous souhaitez participer au rendez-vous des mots ? C’est très simple, il vous suffit d’être inspiré par la citation, vous pouvez participer sur votre blog, sur Instagram, Facebook, Twitter ou même en commentaire. Il n’y a pas de jour imposé ou d’ordre, pas de contraintes. Tout le monde peut participer. Faites parler votre imagination ! N’oubliez pas d’utiliser le hashtag #RDVdesmots et de faire signe en commentaire pour que nous puissions nous retrouver les unes les autres.
Je vous laisse ici les citations des semaines passées, que vous pouvez vous approprier à tout moment :
- Le numéro 1 comporte plus de précisions sur le rendez-vous des mots : « Que feraient nos enfants au lever du soleil, nous voyant incapables de voler dans le ciel ? » Rumi
- Le numéro 2 : « Si l’homme n’a pas encore découvert qu’il mourra, il n’est pas encore apte à vivre. » Martin Luther King Jr.
« Un individu conscient et debout est plus dangereux pour le pouvoir
que dix mille individus endormis et soumis. »
Mahatma Gandhi
Pour le rendez-vous des mots d’aujourd’hui, la citation m’a semblé légèrement difficile. N’ayant pas vraiment de piste à creuser, j’ai décidé de vous proposer une petite nouvelle fictive pour ouvrir la citation à notre quotidien et ouvrir la réflexion.
C’était une nuit d’hiver. Sortie du métro, il devait être 20h30, il faisait très froid et il faisait nuit. Nala était épuisée par la journée qui venait de s’écouler. Elle avait les yeux dans le vague. Elle attendait le bus qui devait avoir près d’une demi-heure de retard, debout, depuis une dizaine de minutes lorsque elle se décida à balayer, une énième fois, les quatre sièges vides du regard, avant de s’installer sur le plastique froid de l’assise centrale.
Elle était seule à ce moment-là, mais plus les minutes passaient, et plus le temps d’attente semblait long. Sans surprise, dans la pénombre de l’arrêt de bus, elle pressentit petit à petit quelques ombres s’ajouter à la sienne. Ils devaient être quatre ou cinq, peut-être plus… En petit comité, sans « bonsoir », ni regard, les sièges remplis, ils étaient là, et ils partageaient, malgré eux, le même espace et le même temps, celui de cette attente interminable dans ce froid glacial.
Immobile, elle se surprit à rêver d’une soupe chaude, baignée dans la lumière réconfortante jaune-orangée de son chez-soi, entourée de sa famille qui l’attendait.
Elle aurait même pu se risquer à affirmer avec une probabilité quasi certaine qu’ils avaient tous le même objectif commun, celui de rentrer chez eux, au chaud.
Ce temps calme, où elle était seule avec elle-même, était très reposant, mais il fut soudainement contrarié par une complainte. À un peu plus de cent mètres, des gémissements résonnaient clairs jusque leurs tympans. Nala ne pouvait pas être la seule à les entendre.
C’était une voix masculine, probablement d’un jeune adulte. Il était difficile d’apercevoir quoi que ce soit. Il semblait se trouver sous l’un des porches de l’arrêt de tram qui n’était pas éclairé. Par curiosité, ou par inquiétude, elle tendit le regard et elle put apercevoir avec plus de précision qu’ils étaient deux. L’un à terre et l’autre debout. Les gémissements de l’homme à terre s’ensuivirent de lamentations et de cris, entrecoupés par un « Arrête » qui lui glaça le sang. Elle était pétrifiée à l’idée qu’un homme se fasse battre à mort, ici devant elle, devant eux.
Après quelques effusions d’insultes au loin et alors que les trois ou quatre paires d’yeux qui l’entouraient étaient rivés sur le sol, elle regardait fixement le sombre porche dans l’espoir d’y voir plus clair.
C’est avec beaucoup de soulagement qu’elle vit un premier tram passer avec l’espoir que ce cauchemar s’arrête enfin. C’est là que la scène se mit en lumière : deux jeunes hommes, jogging et cheveux plaqués. L’homme à terre se faisait violemment frapper à coups de matraque et de coups de poing. Ces gémissements avaient réduit en intensité tellement il était devenu faible. Cette scène ressemblait à un règlement de compte de quartier entre deux jeunes adultes.
Une poignée d’usagers descendit de ce tram et à sa grande surprise, parmi les hommes qui descendaient, aucun ne daigna intervenir. Les passants les suivaient pourtant du regard. Nala put apercevoir le chauffeur, éclairé par les néons du tram, lui-même observateur de cette scène devenue spectacle.
Puis ce tram est parti et les cris ont repris. Elle était jeune et elle avait peur, alors au lieu d’agir seule, elle décida de rompre le silence pour faire appel au groupe en lançant un « On ne fait rien ? » Autour d’elle, tout le monde se mit en mouvement. L’homme à sa gauche se leva de son siège en faisant mine de n’avoir rien entendu. La femme à sa droite se mit à ranger son sac devant ses yeux ébahis. Un autre homme debout sortit son téléphone. Allait-il appeler la police ? Le SAMU ? Non, il voulait probablement finir sa partie de Candy Crush… Qu’en savait-elle ?
Les cris s’arrêtèrent, Nala resta en apnée quelques minutes avant de constater que la bagarre s’était dissipée. Il n’y avait plus rien ni personne. Avait-elle les yeux mouillés à cause du vent froid ? À cause de ce sentiment de lâcheté ? Celui des gens ? Ou la sienne ?
Son bus arriva et elle monta avec des questions par milliers. « Pourquoi tant de violence ? Pourquoi est-ce arrivé ? Entendre la souffrance est un supplice. » Mais comment pouvait-elle blâmer qui se soit alors qu’elle n’avait rien tenté ? Au fond d’elle, elle savait pourquoi personne n’était intervenu. « Parce que les deux hommes avaient une allure de voyous des cités, et qu’ils n’en valaient pas la peine ? Non. » Elle pensa que les gens avaient, tout comme elle, peur, et qu’un règlement de compte entre jeunes de quartier était quelque chose de très sérieux qui pouvait mener à la mort. « Étaient-ils armés ? Oui. Pourquoi ne pas avoir téléphoné ? Il y a la peur de cette violence que rien ne peut raisonner et il y a aussi la peur des représailles », se dit-elle.
« Mais si c’était une femme ? Auraient-ils réagi ? Et moi ? Je sais que moi, oui, pour une femme ou un enfant, j’aurais réagi. Mais là, je ne sais pas… »
Fin.
Cette nouvelle vous a plu ? Donnez-moi votre avis dans les commentaires ! J’ai voulu l’imaginer de telle sorte à ce qu’elle dépeignent une situation qui serait malheureusement possible d’imaginer dans la vraie vie.
Au moment où l’homme debout frappait, il exerçait son pouvoir (dans le sens de la force) et il était libre de le faire tant qu’aucun autre individu ne se levait à son tour contre lui.
Nala était consciente de la situation, pourtant elle ne s’est pas levée. La citation de Gandhi me semble bien appropriée pour une telle histoire. Le personnage principal de l’histoire évolue dans un quotidien banal, agréable et elle va finir par retourner à son quotidien comme s’il ne s’était rien passé. Elle ne sait pas ce qu’il est advenu de l’homme à terre lorsque elle monte dans le bus. Le jeune homme avait-il une famille ? A-t-il pu goûter au souper chaud du foyer doux et rassurant, après ce qui lui est arrivé ? Mon histoire ne le dit pas…
En fait la citation du jour parle de courage, et plus précisément du « courage politique ».
Pas celui dont nous nous croyons capables, mais celui dont nous faisons preuve.
Celui qui fait que nous ne restons pas observateur, mais que nous agissons.
Faire preuve de courage, c’est risquer sa vie pour autrui.
C’est se lever pour une cause, même si on est seul au monde.
Avoir du courage ne signifie pas : ne pas avoir peur.
Pour remettre en question un pouvoir, il faut en avoir, du courage.
Par cette nouvelle, j’ai voulu donner un aperçu de ce que pouvait être le vrai « courage politique » d’après moi.
En réalité, je pense qu’il est pratiqué par une petite minorité de personnes, si l’on considère les sept milliards d’habitants que compte le monde. Le courage peut être porté par des individus singuliers ou des populations qui se lèvent. Très souvent ils sont seuls, ou en minorité. Ils se battent pour faire valoir leur droit. Leur droit de vivre et d’exister. De se nourrir, d’habiter sur leur terre, de penser. Ils peuvent être au nombre de soixante-douze, deux millions, ou même se compter sur les doigts d’une main. A ces hommes et ces femmes, je tire mon chapeau.
Vous n’êtes pas sans savoir que le groupe a un effet sur nos prises de décisions et nos agissements. Parfois, il suffit qu’une personne intervienne pour qu’une poignée de personne décident d’intervenir également. Dans la vraie vie, combien se seraient levés contre une telle violence inacceptable ?
Je parle de « courage politique » pour faire référence à la citation de Ghandi, pour le dissocier du courage d’une mère qui donnerait la vie par exemple. (Ça aussi, c’est une sacrée forme de courage !)
Aujourd’hui je suis maman, et le « courage politique » est une valeur fondamentale que je souhaite transmettre à mes enfants. Si une telle situation se présentait devant moi, j’espère que je saurais faire preuve de courage pour montrer l’exemple à mon tour.
EM.
Voici pour ma participation au #RDVdesmots de cette semaine, avec une petite nouvelle. Je suis impatiente de venir découvrir ce que cette citation vous a inspiré et je vous laisse ici une citation pour la semaine prochaine, que j’ai découverte grâce à une publication de Toptopicleblog sur Instagram et qui me semble être un bon défi :
« On entend le fracas des arbres qui tombent,
mais pas le murmure de la forêt qui pousse. »
Proverbe touareg


Bon je suis accro maintenant je suis déjà pressé de lire le suivant!
Je suis tout à fait d’accord et heureusement qu’il reste des gens courageux sur terre!
Bonjour petite étoile !
Je suis très touchée par ce message 🙂 Merci beaucoup pour tout ce soutien et cet encouragement !
A très vite pour un prochain article,
EM.
Merci pour cette nouvelle très touchante et poignante. Je pense que notre société ne manque pas de courage, elle est seulement individualiste. Les gens ont le courage de se battre pour eux même, pour leur très proches, mais pour le reste du monde… NON. Nous habitons en ville, entassés les uns sur les autres sans nous soucier de ce qui se passe sur le pallier d’à côté. Sans même parfois se saluer… Alors prendre un risque, se mettre en danger, ou juste en inconfort pour un autrui ou pour une cause qui ne nous concerne pas… il est urgent que notre société se ré-humanise, se tourne vers l’autre, se fraternise…!
La citation de Gandhi me touche vraiment, c’est tellement vrai. Certains états totalitaires maintiennent volontairement leur population dans l’obscurantisme pour pouvoir asseoir leur autorité car un peuple inculte est un peuple docile, sans esprit critique, très facilement manipulable.
Alors qu’un individu instruit, est un individu qui pense par lui-même dont le sens critique est aiguisé. C’est cet individu qui peut effrayer un état totalitaire car il peut etre lanceur d’alerte il peut comprendre les injustices et les révéler. Il peut également être meneur d’une action collective de remise en cause du pouvoir en place.
Alors oui un homme intelligent est plus dangereux qu’un homme inculte. Et les plus gros états totalitaires l’ont bien compris…!
Bonjour Lucy,
Encore une vision très intéressant que tu laisses transparaitre à travers ton commentaire. Je pense que lorsque tu dis que nous avons du courage mais que la majeure partie des gens ne le mettrai pas au service d’autrui, tu as vraiment raison.
Merci pour ton commentaire et à très bientôt 🙂
EM.
Qu’est-ce que tu écris bien !!
C’est clair, on pourrait être à la place de Nala…Là comme ça on pourrait dire qu’on se lèvera ou qu’on appellera les secours mais dans cette situation en vrai de vrai par quels sentiments allons-nous passer ? Se montrer courageuse et advienne que pourra ou on se mettra à cogiter à plein de choses avec des si (notamment « mais s’il m’arrive quelque chose qui s’occupera de mes enfants ? ») et finalement se dégonfler…
En tout cas, je suis contente de voir que mon interprétation rejoint la tienne au final :).
A la semaine prochaine pour la nouvelle citation 😉
Bonjour Suzanne,
Oh merci beaucoup pour ton commentaire 🙂 Et un grand merci pour tes participations aussi intéressant les unes que les autres ! Ca me réchauffe le coeur de voir qu’une autre blogueuse se confronte à ces mots !
A très bientôt sur ton blog ou le miens 😉
EM.
Tu as une écriture et un choix des sujets qui nous rendent accro… Il nous tarde chaque fois de découvrir ton prochain sujet. Tu dépeins très bien la société dans laquelle nous vivons aujourd’hui. Mais en lisant, on ressent comme un malaise.. Que ferait-on si la situation se passait devant nos yeux? Je ne sais comment y répondre. Mais ce qui est sur c’est que la peur nous prend au ventre et on ne veut pas mourir.. peut être pour un inconnu ou une inconnue… nos sentiments sont très controversés entre l’envie de porter secours et le peur, l’angoisse de perdre sa vie… Notre histoire nationale nous donne de bons exemples qui perdurent encore dans nos campagnes, encore maintenant. Quel camp choisir, la résistance ou la collaboration avec le plus fort au détriment de toute dignité. Heureusement qu’il y a eu au fil de l’histoire des courageux qui se sont insurgés contre le despotisme pour qu’on puisse vivre libre. C’est vraiment un débat de société qui nous relance encore aujourd’hui. La vie est importante pour un être humain et on devrait avoir conscience que le respect de chacun entraîne son propre respect. Mais crois tu que ces personnes qui arrivent à massacrer, tuer, violenter d’autres ont assez de conscience pour se poser la question?
Hâte de découvrir tes nouveaux articles.
Bonjour Jeanne,
Un grand merci pour ton commentaire qui me réchauffe le coeur et qui m’encourage à continuer à partager mes réflexions 🙂
Ton exemple est très parlant. Je pense que les gens qui prennent la peine et le temps de se poser ces questions seraient incapable de faire mal à une mouche…
Celui qui a conscience de la fragilité de la vie et pour qui de telles violences sont insoutenable, ne pourrait en aucun cas être dans la posture du bourreau. J’ai l’espoir qu’il y ait encore une majorité de gens sains dans ce monde.
Merci pour ton avis pertinent et à très bientôt pour un prochain article !
EM.
Superbe, je vais finir par être accro à ton rdv des mots ^^
Bonjour Chavance,
Merci beaucoup ! A la semaine prochaine pour un prochain #RDVdesmots, et à très bientôt pour un nouvel article 😉
EM.
Très belle manière d écrire bravo et vite encore une ….
Super de te voir de retour ! Merci beaucoup ! 😀
Elle n’agit qu’à moitié… Après, qu’aurais je fais à sa place ? Seule, je fonce mais si je suis avec mon enfant… Je prendrais une photo pour preuve et j’appellerais les flics en même temps.
Oui, dans l’histoire Nala ne fait pas preuve du vrai courage politique dont je fais l’éloge. Je vois que avez de bon réflexes 🙂 Merci pour ce commentaire et au plaisir de vous relire par ici 🙂
EM.
Cc, EM,
Très jolie nouvelle… Qui me laisse pensive… Les commentaires précédents donnent une bonne idée de ce que l’on est prêt à faire en pareil cas, selon les circonstances de la vie et la position de chacun… Doit-on intervenir quand une situation ne nous paraît pas « normal » ? Quels en seront les conséquences ? De plus, nous ne savons rien de la situation « avant »… Peut-être s’agit-il d’un « agresseur » qui à trouver à qui parler ?
Ou je te rejoins, c’est que la violence n’amène nulle part, mais comment la faire cesser ? Et qui n’a jamais eu envie de frapper quand la situation est tellement injuste qu’on ne sait plus quoi faire ?
Je pourrais continuer encore longtemps… vaste sujet qui amène effectivement une bonne prise de conscience … mais où il est difficile de prendre position … la vraie question étant : avons-nous tous les éléments pour prendre position ? ^^
Pour moi, la seule réponse, c’est l’arrêt d’une violence stérile … mais quelle en est la raison première ? Et s’il y avait violence morale avant violence physique ?
Bonne journée, EM 😉
Et pour la citation, je dirai juste que ce n’est pas que l’apanage des dictatures … dans nos sociétés dites démocratiques, elle s’applique dans bien des situations …
Oh merci beaucoup pour ta réflexion ! Tu ajoute quelque chose dont j’avais pensé mais dont je n’avais pas parlé. Oui, si l’homme à terre était lui même l’auteur d’un viol par exemple ? Très bien vue. Nous sommes complètement d’accord, la question est très complexe. Merci à toi et à bientôt 🙂
EM.