#RDVdesmots – L’accouchement

unbrindemaman © EM – #RDVdesmots – L’accouchement

Le #RDVdesmots, c’est une semaine, une citation, une production libre.

Vous souhaitez participer au rendez-vous des mots ? C’est très simple, il vous suffit d’être inspirée par l’une des citations, vous pouvez participer sur votre blog, sur Instagram, Facebook, Twitter ou même en commentaire. Il n’y a pas de jour imposé ou d’ordre, pas de contraintes. Tout le monde peut participer. Faites parler votre imagination ! N’oubliez pas d’utiliser le hashtag #RDVdesmots et de faire signe en commentaire pour que nous puissions nous retrouver les unes les autres.

(Je ferai prochainement un article dédié qui aura pour objectif de répertorier toutes les citations au fil des semaines à l’intention des personnes qui souhaiteraient participer au #RDVdesmots dans le désordre, car l’introduction de mes rendez-vous des mots devenait un peu trop longue à mon goût…)

La citation de la semaine dernière : « Avoir confiance, c’est donner sa vie dans la paume de celui à qui vous l’avez donnée. » Julien Dumas

Je me suis rendu compte un peu tard que nous étions entrées dans une nouvelle semaine. J’interromps donc l’épopée de la boutique en ligne unbrindemaman pour revenir à un classique du blog en répondant en retard au #RDVdesmots de la semaine dernière :

« Accouchement : Une telle douleur
devrait être suffisante
pour sauver le monde
pour toujours. »

Toi Derricotte

Cette citation me fait penser à un souvenir très marquant pour moi.

Vers la fin de ma grossesse, j’étais en observation un temps. J’étais alitée à l’hôpital, et durant ce temps, j’ai eu l’occasion de côtoyer bon nombre de membres du personnel hospitalier. Je me rappelle bien que je cherchais à rendre nos contacts plus humains, spécifiquement auprès des femmes de ménages qui passaient chaque jour et que je commençais à reconnaître. Je n’hésitais donc pas à leur lancer un petit mot pour essayer de briser une glace étrange qui était naturellement posée là, entre nous.

A cette période de ma vie, je me rappelle que je mangeais en pensant à l’accouchement, je me réveillais en pensant à l’accouchement, je dormais et rêvais de l’accouchement. Tout mes faits et gestes étaient associés à une pensée qui allait dans ce sens.

A quelques jours de ce grand tournant dans ma vie, j’étais obnubilée par ce thème. Je ressentais le besoin de faire lectures sur lectures à ce sujet et j’avais follement envie d’en parler avec des femmes qui l’avaient déjà vécu avant moi. (Conseil aux futurs mamans qui me lisent : faire tout cela ne sert pas à grand-chose. Chaque accouchement est différent. VRAIMENT différent…)

J’en profite pour noter que ces femmes de ménage semblaient généralement très étonnées et surprises que je leur adresse la parole. Mais lorsque je parvenais à briser la glace, après un échange de questions/réponses au sujet de mon état, j’arrivais généralement à poser une question à mon tour pour dépolariser la discussion. La fameuse question : « Et vous, vous avez des enfants ? »

Mes interlocutrices devaient y voir là une question qui allait nous rapprocher davantage puisque cette simple question appuyait sur le seul point que nous étions sûres d’avoir en commun : la maternité.

Elles me répondaient généralement sans détour, et dans le meilleur des cas s’ensuivait un récit plus ou moins détaillé de leur(s) accouchement(s), ce qui avait le don de me ravir et de m’inquiéter à la fois.

Je me souviens néanmoins d’une femme particulièrement réservée, timide, en surpoids. Je me rappelle avoir eu beaucoup de mal à capter son attention. Elle était spécialement calme, rapide mais très discrète. Elle entrait sans un bruit pour balayer la chambre, laver le sol et vider les poubelles sans un mot.

Au vu de sa réaction, je pense sincèrement qu’aucune autre patiente n’avait pris la peine de lui adresser la parole comme je l’ai fait. J’ai vu ses gestes se ralentir et son visage s’ouvrir lorsque, enfin, nous avons échangé quelques mots, jusqu’à ce que nous arrivions à la fameuse question grâce à laquelle j’apprenais que cette femme avait cinq enfants.

Suite à cette annonce, j’ai eu une réaction complètement démesurée. Je l’ai beaucoup félicitée et j’ai ressenti une grande émotion.

Cette femme avait accouché 5 fois ! Rendez-vous compte… Cinq fois !

Cinq.

Quel courage et quelle force physique et mentale devait-elle avoir eu pour vivre cette épreuve par cinq fois.

A son annonce, c’est comme si elle avait brandi cinq trophées au dessus d’elle, tout simplement.

Depuis le début de ma grossesse déjà, mon regard sur les mamans, et la mienne plus particulièrement, s’était énormément enrichie. J’étais en train de comprendre quelque chose de nouveau. Ma propre grossesse me donnait des indices pour comprendre l’attachement inexplicable que j’ai encore aujourd’hui avec ma mère.

Pourquoi ai-je réagi comme cela devant cette femme « lambda » ? Pourquoi cette émotion à ce moment ? Je ne le sais pas vraiment. Je rappelle que j’étais à quelques jours du terme de ma grossesse. A ce moment, je me demandais sérieusement comment toutes les femmes du monde avaient fait avant moi pour supporter tant de douleurs, mais surtout… je me disais que ces femmes devaient quand même être un peu folles pour s’infliger cela volontairement plusieurs fois.

La grossesse est déjà quelque chose de terriblement prenant. Une femme qui choisit d’être enceinte choisit par la même occasion de donner son corps à un ou plusieurs petits êtres. Une partie de son corps est dépossédé et ce jusqu’au moment le plus puissant qu’une femme puisse vivre : l’accouchement.

Depuis que je suis maman à mon tour, j’ai beaucoup d’admiration et de respect pour toutes ces femmes. Elles ne font pas la une des journaux pour leur « simple » statut de mère, elles ne passent pas à la télévision, elles ne sont pas spécialement connues et elles sont généralement encore trop peu considérées et reconnues pour ce qu’elles sont vraiment : des héroïnes tout simplement.

Depuis que j’ai accouché à mon tour, je peux dire que je regarde les femmes du monde avec un œil nouveau.

Auparavant, je regardais une femme au travers des prismes de l’intelligence, de ses diplômes, de son allure, son comportement, de sa beauté aussi disons le…

Aujourd’hui, le premier critère que je regarde est celui de la maternité. Une femme qui a donné la vie n’est en rien une femme lambda, c’est une femme qui aurait pu donner sa propre vie les yeux fermés, supportant une douleur qui devrait être suffisante pour sauver le monde pour toujours, quelque chose de semblable à un sacrifice, un cadeau à l’humanité toute entière.

EM.

Alors oui, il est vrai qu’une femme qui a enfanté n’est pas qu’une mère, mais je trouve que cette nouvelle facette enjolive et redore fortement tout le reste de ce qui la définit.

Ce #RDVdesmots me fait énormément penser au tout premier article que j’ai publié sur le blog dans lequel je vous parlais justement de l’image de la mère dans notre société. Je le redépose ici pour les plus avides d’entre vous.

J’espère que mon interprétation vous a plu et je vous donne rendez-vous demain pour un article de la catégorie Mumpreneuse !

Une citation pour la semaine prochaine :

 » Le souvenir est le parfum de l’âme «

George Sand

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17 réponses à #RDVdesmots – L’accouchement

  1. Dinde de Toi dit :

    Voilà un RDV des mots tellement bien écrit que j’ai été comme transportée dans ta chambre d’hôpital, avec cette appréhension obsessante de l’accouchement typique d’une nullipare encore vive dans ma tête.
    Certains accouchements se passent merveilleusement bien, avec ou sans médicalisation, avec ou presque sans douleur (les petites chanceuses 😛). C’est la loterie de ne jamais savoir à quelle sauce on va être mangée… Chaque accouchement est unique effectivement.
    On dirait que l’idée d’avoir 5 enfants ne te séduit guère… !
    La citation pour la semaine prochaine est tellement intriguante que je vais donc y participer. Encore une fois à l’aveugle, merci de ne pas choisir une citation trop tordue 😛 (même si y’a que ça en stock 😛) !!!

    • EM dit :

      C’est exactement cela que je voulais partager comme sensations, je suis heureuse d’avoir réussi à le transmettre. Et super heureuse d’entendre que tu participeras peut-être au prochain #RDVdesmots ! Je dois fouiller dans mes bouquins ou sur internet pour trouver quelque chose de sympa.. j’ai besoin d’un peu de temps pour la trouver ^^
      Oh non je ne dirais pas ça ! l’idée d’avoir 3,4,5.. enfants me réjouis beaucoup au contraire, je pense que j’ai bien le profil d’une maman à tribu… je garde juste en tête que enfant = accouchement.. je ne sais pas trop quoi en penser. Je pense qu’il ne faut justement pas trop y penser. Le résultat en vaut la chandelle mais dire « quand on accouche ensuite on oublie tout » me semble être l’un des plus grand mensonge de l’humanité. En tout cas je suis déjà heureuse de brandir mes petits « trophées » et je serais la plus heureuse des femmes si je pouvais en brandir des nouveaux 🙂
      Merci beaucoup pour ton commentaire :*
      EM.

  2. Suzanne dit :

    Encore un très bel article et surtout un bel hommage à ces mamans que nous sommes ! et j’aime beaucoup « le cadeau à l’humanité toute entière », je trouve cela très positif par rapport à l’aspect négatif de mon début d’article 😉
    Bref, j’adore !!!

    • EM dit :

      Bonsoir Suzanne,
      Merci beaucoup pour ton commentaire et merci beaucoup pour ta participation qui m’a refait réfléchir sur la citation. 🙂
      A bientôt,
      EM.

  3. C’est un très bel article, empreint d’émotions et puis qui les fait remonter les émotions, du plus profond de nous …
    Bientôt 31 ans et 4 accouchements pour moi, sans assistance, enfin par assistance je veux dire péridurale. Un choix pour les 3 premiers. Pourquoi je ne sais pas …
    Pour number 4 j’ai résisté puis la douleur s’est faite trop grande alors j’ai craqué, je l’ai demandée …. mais trop tard, déjà dilatée à 7 !! Number 4 est donc arrivé aussi sans péridurale ! Quelle émotion après tant de douleurs !
    Après un Bac STMG, j’ai trouvé un travail que j’aimais beaucoup, avec un patron super sympa. Mais je ne suis pas carriériste, je ne l’ai jamais été et je n’arrivais pas à m’épanouir dans mon métier.
    Mais le jour où j’ai eu mon 1er enfant, non avant même, dès que j’ai été enceinte, j’ai su que c’était ça qu’il me fallait !
    Quelques fois je me dis que je dois donner l’image d’une vieille mémée ou d’un autre temps (!!) car je ne suis bien que devant mes fourneaux à cuisiner, avec mes petits toujours dans les jambes (!), à faire mes confitures et autres conserves, à partir cueillir baies, plantes sauvages et champignons ou à aller à la pêche avec mon Zhom !
    Tout ça pour dire que les accouchements, et par là même mes enfants, m’ont révélée et ont fait de moi une femme. Peut-être pas celle qui fait fantasmer ou rêver, mais la femme que je voulais être !
    Bises à toi et à toutes les femmes et mères qui passeront par là 🙂

    • J’adore tout simplement le texte et la réflexion de EM et de toi également http://entoutesimplicitemag.eklablog.com/ Dans notre société, nous sommes tellement habituées à faire passer la carrière avant tout que le simple désir d’avoir des enfants, d’être « mère », fonder une famille reste bizarre! Je suis également une mère avec deux enfants que j’ai tellement désiré… Pour la première, accouchement sans péridurale. 17 heures de douleurs.. Pour le second, on ne m’y reprend plus, péridurale mais parce qu’il y a toujours un « mais » l’anesthésiste était à sa 22ième heure de garde et la péridurale n’a pas marché…. 11 heures… mais ce qui me reste aujourd’hui c’est l’amour plus fort pour mes enfants. J’ai du recul car mes « petits » sont grands maintenant mais dites vous que l’amour que l’on ressent pour sa progéniture ne tarit jamais. Un grand merci à vous deux et à toutes celles qui laissent un commentaire. Ces échanges sont très enrichissants!
      A bientôt.

      • EM dit :

        Merci beaucoup Jeanne !
        Ton anecdote avec la péridural mal posé m’a fait mal pour toi. Le résultat est quand même là : deux beaux enfants dont tu es si fier. C’est beau à voir. Merci et à bientôt :*
        EM.

    • EM dit :

      Bonsoir,
      Je suis très touchée par ton témoignage, je trouve ton histoire et ton regard sur la société très intéressante. Aujourd’hui être « juste » une maman peut être mal vu par beaucoup de personne (tu le dis toi même, tu parles à juste titre d’image de vieille mémé…). Les femmes « à carrière » sont tout de suite plus respecté, mieux vues. Pourtant ton mode de vie résulte d’un choix que tu as fais toi même, celui qui te rends épanouie. De nos jours c’est courageux de l’admettre pourtant c’est tellement naturel de se sentir simplement comblé auprès des siens…
      Merci beaucoup et à bientôt 🙂
      EM.

  4. Moji Mojette dit :

    Un RDVdesmots très inspirant, tu m’as donné envie de jouer le jeu!

    Ton article est très touchant…

    Je te remercie de replacer les femmes à leur bonne place <3

    • EM dit :

      Oh merci beaucoup, comme ça me fais plaisir de te lire par ici, et de savoir que tu pourrait éventuellement participer à ton tour… ;*
      Merci pour ton commentaire et à bientôt 🙂
      EM.

  5. Waouh.. Un superbe article. J’ai été transporté par tes mots. Leur justesse ! Merci pour ce moment et ce partage !

  6. Moaman dit :

    Ton article est magnifiquement bien écrit et me laisse sans voix !
    Pendant ton récit j’avais envi d’être ce personnel hospitalier pour pouvoir t’accompagner!
    Hâte de lire ton prochain RDV des mots et peut être y participer !
    Bisous 😗

  7. petite étoile*** dit :

    Je ne me lasse pas de tes écrits. Oui une femme qui a donné la vie est une héroïne je suis bien d’accord

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