unbrindemaman © EM – Et soudain, le bonheur.
– Séquence d’ouverture : Videezy.com.
– Musique : Spring Day.
– La mise en scène, toutes les prises vidéos à compter de la septième seconde, ainsi que le montage vidéo ont été réalisés par mes soins.
(Je n’autorise aucune récupération de mes images, pas même à des fins personnelles.)
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Oh… par où commencer ? La page est blanche et pourtant elle est déjà pleine. J’ai retenu tant et tant de mots et contenu tellement encore de sentiments. J’ai eu peur, très peur. Depuis le tout début d’ailleurs, et puis j’ai espéré très fort…
Il y a un peu plus de trois ans, mon cœur s’est figé avec l’arrêt de celui de mon fils. Sur le doppler, à l’échographie, la ligne plate et continue qui accrochait mon regard terrifié m’empêchait de contempler une dernière fois celle pleine de vie de ma fille, quelques minutes avant qu’elle ne voie le jour, esseulée.
Il y a un peu plus de neuf mois, j’ai retenu mon souffle à nouveau et je me suis confronté de nouveau à cet examen difficile, et pourtant tellement banal. Durant ce rendez-vous que j’ai voulu précoce, et pour la première fois depuis ce souvenir funeste, j’ai vu un cœur. J’ai entendu des battements, et j’ai vu un petit muscle en mouvement. Juste un cœur. A ce stade, je n’aurais rien pu espérer voir de plus, mais ce cœur-là, comme je l’ai vu, avec toutes les images qui sont gravées dans ma mémoire, je l’ai enregistré très profondément pour ne jamais oublier ce miracle de la vie. Un petit cœur comme ça qui flotte, c’est une image impressionnante que je n’avais pas eu l’occasion de voir pour mes jumeaux puisque j’avais découvert ma grossesse plus tardivement à l’époque.
J’avais un petit cœur dans le ventre : une pompe incroyablement réconfortante. Un bonheur puissant qui ne retire en rien les craintes. Mais le bonheur, c’est ça après tout. Ce n’est rien de plus qu’une station. Un sentiment qui émerge et qui ne se révèle que si on veut bien le voir et le vivre au moment où il se présente. Alors bien sûr, j’ai continué d’avoir peur jusqu’au bout et aujourd’hui encore il m’arrive d’avoir peur, mais j’ai prié encore et j’ai savouré chaque petit bonheur, caché derrière des remparts d’espérance. Je savais que tout pouvait basculer, mais je savais aussi que cela n’enlèverait en rien ces petits et grands bonheurs que nous étions en train de vivre étape après étape.
Evidemment, il y a eu des hauts et des bas, mais par chance, ce qui était inespéré arriva. Un confinement est tombé du ciel (j’ai un peu honte d’avoir aimé ce confinement lorsque l’on sait le nombre de morts et le désastre social qui se cache derrière cette décision… mais c’est ainsi), et malgré tout ce que cela a pu impliquer en termes de problèmes, de restrictions ou de drames pour le monde, pour nous, cela nous aura permis de vivre quelques mois complètement retirés du monde, au calme, hors du temps, en famille. Mon époux a pu être beaucoup plus présent physiquement, ce qui n’était pas négligeable pour m’aider au quotidien avec notre grande. Il m’a énormément soutenue durant cette « grossesse d’après ». Grâce au confinement, nous avons pu prendre le temps de vivre chaque moment de cette nouvelle grossesse à trois. J’ai fait le choix de ne pas partager ce bouleversement sur le blog et les réseaux, même s’il est évident que j’aurais sans doute partagé cette étape cruciale de ma vie quoi qu’il serait arrivé. Mais j’avais envie de prendre ce temps pour comprendre ce qui était en train de nous arriver. Me recentrer sur les essentiels et avancer simplement, sans réfléchir, juste en me laissant porter par les événements.
En réalité, si je devais choisir un mot pour décrire cette grossesse, je choisirais sans doute l’image de l’apnée. Nous étions véritablement en apnée. J’ai retenu mon souffle jusqu’au moment où j’ai eu le bonheur de ressentir celui du petit cœur qui s’était logé en moi. Et quel souffle… Ce souffle de vie est un baume si puissant qu’il m’en ferait presque oublier les mois de nausées, de fatigues et toutes les souffrances et les angoisses relatives à la maternité. Au même titre que ma grande qui rayonnait de vie et de joie et ce dès les premiers instants. Mais cette fois-ci, c’était différent. Ils n’étaient plus deux. Il ne serait pas question de pleurer et de sourire dans le même temps. C’était beaucoup plus simple. Ce serait joie ou tristesse. Un temps pour chaque chose.
Dieu merci, un bébé est finalement né, et nous sommes tous les deux restés vivant. Une claque de vie dans la figure. Des éclats de bonheur. Un suivi de grossesse et un accouchement idéaux qui m’auront réconcilié avec le milieu médical et le personnel hospitalier.
Cécile, Fanny, Fabienne et tant d’autres… Ce sont des prénoms et des regards (masque oblige) qui resteront gravés dans ma mémoire. J’ai rencontré des femmes en or, des professionnelles passionnées et humaines que je n’oublierai jamais.
Si vous me lisez depuis longtemps, vous savez à quel point mon regard sur ce milieu s’est assombri au fil de mes rencontres et de mes expériences. Je n’avais plus d’espoir, mais cette dernière expérience en est la preuve : tout n’est pas perdu. Il y a encore de l’espoir et quelques perles rares. Il faut juste bien chercher.
Alors, il y a quelques semaines, la super médecin que j’ai choisie, qui m’a suivie, et qui m’a accompagné jusqu’au bout, m’a aidée, avec sa superbe équipe, à donner naissance à un merveilleux bébé dans le respect de mes volontés et de ma personne. Il s’agit d’une petite fille qui est venue rejoindre notre famille comme vous avez pu le deviner dans la petite vidéo que j’ai pris plaisir à réaliser. (Avec du recul, le passage me fait rire par sa durée, mais autant vous dire que la « longue » séquence du chapelet n’était pas de trop dans cette courte vidéo vu tout le temps que j’ai passé à prier.)
Une deuxième fille, c’est un bonheur sans nom. Nous tenions à offrir un compagnon de vie à notre grande fille (eh oui, choupette est devenue grande…). Aucun enfant au monde ne pourra remplacer son jumeau et la volonté d’agrandir notre famille était évidemment à mille lieux de ce dessein. Ceci dit, je sais, pour avoir plusieurs sœurs, que c’est une chance incroyable dans la vie que d’avoir ce lien unique. Mon souhait le plus intime serait que leur relation soit aussi forte et belle qu’elle l’aurait été si elles avaient été jumelles. On peut affronter la vie seule, mais ensemble, main dans la main, c’est plus doux.
Aujourd’hui, nous sommes cinq. Avec l’un d’entre nous qui nous regarde d’en haut. C’est beau quand on y pense. Aujourd’hui, je suis apaisée, mais un jour je penserais à décrire davantage les montagnes russes émotionnelles par lesquelles je suis passée ces derniers mois. J’ai eu si peur, si vous saviez. Mais pas assez peur pour ne pas retenter l’expérience il faut croire. Un peu de folie, beaucoup d’amour, de patience et d’espoir et nous voilà aujourd’hui. Dans une nouvelle temporalité, dans un nouveau schéma de vie. Avec ce nouvel être qui ne dort nulle part ailleurs que dans nos bras pour notre plus grand bonheur.
J’ai envie de dire que nous nageons dans le bonheur. Alors évidemment, et vous le savez, la parentalité ce n’est pas tout rose. C’est plein de fatigue, d’angoisse, de stress et d’incertitudes. C’est éreintant et très déstabilisant par moments. Mais quand on a perdu un enfant, on goutte à tout cela avec un œil plus doux. On dédramatise les petites nuits et les vomis… Evidemment, le bonheur n’est pas un état moral constant, mais je me le suis promis durant cette grossesse et je tiendrai parole : dorénavant, et pour de vrai, je m’autoriserai à être heureuse quoi que la vie nous réserve, parce que la liste de ce qui me procure du bonheur dépasse de loin mes espérances et que tous les petits et grands miracles que nous avons la chance d’avoir vécus ou que nous vivons en ce moment méritent d’être soulignés et considérés en tant que tels. Cela ne m’empêchera pas de pleurer parfois, mais comme toujours, il faudra continuer de faire la part des choses avec beaucoup de reconnaissance pour les trois cœurs que j’ai portés et qui ont battu en chœur avec le mien.
Qu’on se le dise, la grossesse d’après, ce n’est pas une grossesse normale. C’est une grossesse avec une épée de Damoclès suspendue au-dessus de la tête. Elle a un goût supplémentaire totalement nouveau, dépourvu de la naïveté des débuts. Elle s’accompagne d’une limite inconsciente à une projection pleine d’espoir. Elle se vie avec une armure épaisse, et parallèlement, elle porte en elle une grande fébrilité. C’est une véritable épreuve. Et en écrivant ces mots, j’ai une pensée particulière pour les mamans qui me lisent et qui ont vécu un deuil périnatal.
Si tu me lis, que tu a vécu le deuil d’un enfant, et que tu vis ou que tu souhaites vivre cette fameuse « grossesse d’après », je n’ai qu’un seul conseil à te donner : Laisse toi porter. Accepte tes états d’âme, laisse la palette étendue de tes sentiments s’épanouir. Ne refoule rien, exprime-toi, parle, écris, libère-toi et vis. Trouve des professionnelles de santé qui te correspondent et ne ressasse pas à t’en rendre malade. Entoure-toi bien et pense à inspirer (mieux que moi). Laisse-toi porter. Il arrivera ce qu’il arrivera et tu traverseras ce que tu traverseras, et la vie continuera son cours. Tu te relèveras. Rappelle-toi que la vie embrasse la mort et que nous y passerons tous. Vivre, c’est se permettre d’essayer d’expérimenter ce que l’on choisit de tenter. On le décide ou non, mais toujours en sachant que nous n’avons pas la mainmise sur tout. Vivre, c’est traverser des choses et laisser des empreintes. C’est écrire une histoire, des histoires… Et quoi qu’il arrive, toutes ces petites vies comptent. C’est une philosophie libératrice. Qui donne le vertige parfois quand on y pense profondément. Mais c’est réel. Certains soucis sont là seulement où on veut les voir. Autorise-toi à y croire. Raccroche-toi à tes convictions, à tes croyances, rattache-toi aux personnes que tu aimes et qui t’aiment pour trouver du réconfort et de l’écoute, et en dehors de tout cela, laisse couler. Laisse-toi porter.
Ces conseils ont été plus faciles à écrire qu’à appliquer sur le moment pour moi, mais ils m’ont vraiment aidée, alors je les transmets à mon tour. Et puis peut-être aussi que mon discours peut paraître un peu nébuleux (en même temps, je n’ai que quatre heures de sommeil dans les pattes aujourd’hui), mais je sentais que si je ne prenais pas enfin le temps pour écrire ce soir, ce billet n’allait jamais sortir, et je voulais vraiment garder une trace de mon état d’âme à ce moment précis de ma vie.
Il est temps pour moi de retrouver un rythme (je vais vraiment essayer) qui me permette de revenir plus souvent sur le blog. J’en ai besoin. J’ai encore plein de jolies choses à partager. Des réflexions, des souvenirs, des archives de vie. Du partage tout simplement. J’espère que cette petite cachoterie ne vous aura pas trop vexées. La vie, c’est ça aussi. Des moments d’apnée où l’on n’est pas toujours prêts à tout déballer d’un coup. Ce blog est tout de même resté un outil super utile pour moi. J’ai partagé quelques articles très libérateurs durant cette grossesse. Aujourd’hui, je reviens compléter le puzzle en vous partageant cette annonce qui me réjouit le cœur, pour partager ce bonheur avec vous.
Là où une naissance peut paraître banale et facile dans les regards qui se projettent sur des siècles durant… ici, à l’échelle de ma petite vie, avec mon expérience, je sais que la grossesse est une épreuve physique, morale et émotionnellement remarquable. C’est une étape de vie, et la naissance heureuse est une victoire miraculeuse.
Dieu merci.
EM.
A bientôt pour un prochain billet. Je vous embrasse très fort.


Je suis tellement heureuse pour toi, pour vous !
Je te laisserai un plus long message un peu plus tard, quand je ne serai pas pressée par le temps !
Merci de tout coeur. 💖
Je le sentais et cela me rend heureuse de savoir que tu nages dans le bonheur
Tu le mérites, vous le méritez
Je n’ai pas perdu d’enfant à la naissance mais mon parcours pour être mère a été difficile et beaucoup de déceptions
Alors je connais un peu le sentiment, les peurs, tout au long de la grossesse
Je comprends très bien aussi que tu ais voulu garder ce passage….. pour vous jusqu’au bout et être sure…
Je t’embrasse très fort
Merci pour ce bel article 💖
Merci beaucoup Elisabeth. Je sais que chaque femme a son lot de soucis et d’angoisses et c’est vrai que l’on parle finalement peu des embûches liés à la maternité. Je ne sais pas pourquoi d’ailleurs. L’image qui est véhiculée est trop souvent uniquement hyper positive, très simple.. comme si tout était évident. Ça contribue au fait que nous ne soyons pas assez préparé lorsque quelque chose nous tombes sur la tête (on est jamais assez préparée mais tout de même…).
Merci pour tes mots en tout cas.
Gros bisous.
Quel plaisir de te lire ! Une bouffée d’air et d’optimisme transmis avec de si jolis mots, si bien pesés. Heureuse pour toi, pour vous et encore toutes mes félicitations pour cette merveille.
Merci beaucoup. De l’optimisme, oh oui, il en a fallut tellement.
Merci beaucoup Céline. Pleins de bisous.
Coucou, EM 🙂
En voilà une jolie nouvelle 😀
Heureuse de te retrouvée, de te lire, de te sentir apaisée 😉
Vive le bonheur ! Vive la vie !
De gros bisous à tous tes bouts de choux !!!!!!!!!!!!!
A très bientôt 😀
… PS : et un gros gros gros câlin virtuel pour toi, bravo ma belle 😀
Merci Paty ! Oui, vive la vie. Je n’aurait pas pu dire mieux. Vive la vie et vive le bonheur. Je devrait en faire une affiche et le coller en grand chez moi pour ne jamais l’oublier. Merci beaucoup beaucoup, pour tes mots, pour ton « bravo », ça me touche énormément. Je t’embrasse tout fort.
Félicitations ✨✨ et bienvenue à petit brin de princesse 🌹 ! On aperçoit une délicieuse petite main de bébé dans la vidéo 😍.
Je suis ravie de te lire si heureuse et apaisée.
Ton article est doux, empreint de la pudeur qui caractérise tes écrits et pourtant plein d’émotions.
Profite bien de ta nouvelle merveille 😍.
Merci merci et encore merci ! Oh j’ai hésité à partager cette main si tu savais ^^
J’espere que tu vas bien. Je t’embrasse très fort.
Coucou EM !
Re-félicitations pour l’arrivée de ta doucette !
J’ai lu ton article ce matin mais voilà seulement que je prends le temps de te laisser un commentaire !
Je suis ravie de te lire à nouveau et que tout se passe à merveille !
J’imagine très bien ta joie quand tu as entendu son petit coeur battre pour la première fois mais je ne peux mesurer tes peurs et tes doutes face à cette grossesse si particulière quand on est Mamange…
Je suis aussi heureuse de lire que le personnel médical a su t’accompagner et t’épauler à chaque étape de cette nouvelle vie que tu as fait grandir en toi.
Je te fais tout plein de Gros bisous !!!!
Cette experience a été totalement différente ! Très enrichissante. Merci beaucoup pour tes mots ma Suzanne. 💓
Félicitations pour ce cadeau de la vie, c’est un grand bonheur de te lire ❤️
Merci beaucoup ! C’est émouvant pour moi de pouvoir enfin le partager. Avec le coeur plus apaisé.
Félicitations ! Quelle bonne nouvelle ! Vous avez eu raison de garder cette grossesse pour vous et de vous protéger.
Quel beau message d’espoir et d’apaisement tu partages ici !
Beaucoup beaucoup de bonheur à vous tous !
Merci de tout mon coeur Catherine. C’était éprouvant, mais on a traversé ça, Dieu merci. Je t’embrasse très fort. Merci encore.
C’est beau à lire, vraiment. Je salue ton courage, ta foi, ton brin de folie, qui t’ont permis d’envisager cette grossesse d’après. J’espère les avoir un jour, ne pas laisser ma grande orpheline… Longue et belle vie à cette enfant d’après.
Le brin de folie était indispensable. Durant cette grossesse j’ai cessé de suivre le contenue des mamanges pour me préserver. Sauf le tien. Je ne sais pas pour quelle raison, je n’ai pas pu te laisser écrire sans que je ne soit de l’autre côté pour accueillir tes mots. Je n’ai pas toujours commenté mais je n’ai rien laissé passer. C’était difficile mais j’ai beaucoup pensé à toi, sache-le. Je connais ce deuil. Ce n’est pas exactement le même. Nous ne partageons pas les mêmes images dans nos mémoires. Mais elles sont là. Elles resterons là à jamais. J’espère que tu esquissera de plus en plus de sourires. Quel que soit ce que l’avenir te réserve, tu es forte. Tu es debout, pour ta fille, pour ta famille, pour toi et c’est déjà fort. Je t’embrasse très fort et je te souhaite tout le bonheur du monde. Car oui, même si n’as plus ton fils à tes côtés, tu ne l’as pas perdu pour autant. Il sera toujours là et le bonheur n’est pas incompatible avec cet état de fait.
Gros gros bisou à toi et merci pour ton passage et tes mots, je ne les attendais pas ici. Merci.
EM.
Je suis tombée par hasard sur cet article en cliquant sur un commentaire que vous aviez laissé sur un autre blog ! J’ai lu ce billet avec beaucoup d’émotions… Je comprends parfaitement l’envie de vouloir surveiller et en même temps savourer silencieusement ce moment tellement unique… La grossesse d’après est une étape de la vie plus complexe qu’on puisse l’imaginer… Félicitation à vous ! Quel bonheur !
Ça me touche tellement ! Merci beaucoup et bienvenue ici !